L’agriculture biologique est un mode de production alternatif basé sur l’exploitation respectueuse de la nature. C’est une démarche globale fondée sur un ensemble de principes:
L’agriculture biologique impose notamment une réflexion accrue sur les choix des productions ainsi que des observations régulières des plantes et de leur environnement.
Assurer l’enracinement des plantes sur un volume maximal de sol actif et sain.
La nature du sol
Lors d’un projet de conversion d’une exploitation en maraîchage biologique, la nature du sol est un critère déterminant dans le choix de la parcelle. La connaissance des caractéristiques physiques du sol est décisive pour préciser les conditions de disponibilité et de migration des éléments nutritifs : la réalisation de profils et d’analyses est donc indispensable. Il convient d’assurer des conditions idéales d’enracinement afin d’exploiter au maximum le potentiel du sol. Contrairement au conventionnel, les engrais solubles ne pourront pas être utilisés pour corriger d’éventuelles carences induites par certaines conditions défavorables de sol : obstacles mécaniques, asphyxie, tassements…
Il est donc conseillé d’éviter les sols trop difficiles, ou d’orienter le choix des productions selon le type de sol:
Le travail du sol
Les façons culturales préconisées sont celles qui confèrent au sol une structure physique adaptée tout en préservant l’activité microbienne du sol:
La fertilité du sol
Le diagnostic de la fertilité repose sur une étude globale : type et profondeur du sol, état hydrique, nature de la matière organique (stabilité, activité, biomasse...), disponibilités en minéraux ...
Différentes méthodes sont à la disposition de l’agriculteur (analyse de sol classique, méthode Hérody...).
La fertilisation
Le raisonnement de la fertilisation en agriculture biologique requiert une très bonne information sur les produits. La fertilisation repose sur l’utilisation de fumier composté. En complément ou en remplacement de celui-ci, on utilise également des amendements et engrais organique “du commerce” auxquels s’ajoutent des engrais minéraux d’origine naturelle (voir encadré protection des cultures).
Enfin, les cultures d’engrais verts viennent compléter ces différentes méthodes. La fertilisation en cours de culture est en général peu compatible avec la culture biologique : les engrais solubles habituellement utilisés en conventionnel ne sont pas autorisés. De plus, l’apport des engrais organiques ou minéraux en poudre sur le rang de culture est malaisée (notamment en cas d’emploi d’un paillage). Il faut donc considérer le sol comme l’unique “pourvoyeur” de minéraux, grâce à son humus et aux apports d’amendements et d’engrais réalisés avant la culture. Cependant, la libération des minéraux dépend de nombreux facteurs. C’est là que réside l’une des difficultés en maraîchage biologique : l’adéquation de la disponibilité et des besoins, notamment en azote.
Ainsi, en tomate et aubergine sous abris:
Engrais vert : sorgho fourrager
Engrais vert : phacélie
Engrais vert : vesce
Engrais vert : avoine
Les engrais verts
Ils ont de nombreux effets bénéfiques : mobilisation et remise à disposition des éléments nutritifs, stimulation de la vie microbienne, amélioration de la structure du sol. Ils contribuent également à réduire les pertes d’azote par lessivage et donc le taux de nitrates des eaux souterraines. Ils imposent cependant une disponibilité suffisamment longue des parcelles et induisent parfois certaines contraintes, notamment pour l’enfouissement.
Les engrais verts les plus courants : graminées (sorgho fourrager...), légumineuses (féverole, lupin...), crucifères (moutarde, colza, radis fourrager...).
Les principaux engrais et amendements autorisés
Les problèmes sanitaires constituent la cause principale de pertes de récoltes en maraîchage biologique :
Protection des cultures en maraîchage biologique Les principaux produits autorisés | |
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Contre maladies | Cuivre sous forme d’hydroxyde, d’oxychlorure,d’oxyde ou de Sulfate de Cuivre. Soufre (mouillable ou pour poudrage) |
Contre Insectes | Roténone et Pyrèthre, savon noir. Bactéries (Bacillus thuringiensis) Virus (polyédrose) contre Noctuelles Auxiliaires |
Contre limaces | Anti-limace métaldéhyde (uniquement en pièges) |
Certains ravageurs et maladies peuvent largement pénaliser le rendement : insectes du sol, pucerons, araignées rouges, noctuelles, mildiou, pythium, virus... Or, en agriculture biologique, les moyens de lutte directe autorisés par le cahier des charges européen sont très limités (voir liste). De plus, leur action est surtout préventive (Soufre et Cuivre) ou à spectre trop large (Pyrèthre et Roténone également toxiques contre les auxiliaires). Le cuivre et le métaldéhyde sont susceptibles de se faire interdire.
Acariens : dégâts sur melon
La prévention est le maître mot du maraîchage biologique. C’est l’essence même de la démarche suivie en agriculture biologique; elle impose une très bonne compétence qui, on l’a évoqué, n’est pas toujours acquise en raison de la multiplicité des cultures, donc des ravageurs et de leurs auxiliaires naturels. Elle exige aussi du temps pour l’observation régulière et minutieuse des cultures.
Techniques de culture
Des conditions de culture assurant une bonne croissance des plantes limiteront le développement des maladies :
La solarisation est une technique simple et peu coûteuse. Surtout réalisable dans la moitié Sud de la France, elle est efficace sur de nombreux champignons du sol et préserve la microflore utile du sol.
Solarisation sous tunnel
La désinfection vapeur, coûteuse et non sélective, se justifie notamment dans des sols fortement contaminés (nématodes).
Il peut permettre de limiter certains parasites du sol. Ainsi, en période estivale le travail du sol pourra remonter les taupins en surface et assurer une destruction partielle des populations par dessiccation. Par ailleurs, un travail de sol favorisant un bon enracinement permettra de limiter les problèmes sanitaires.
Il faut éviter des cultures de contre-saison afin de ne pas créer des situations favorables aux pathogènes Botrytis de la tomate, sclérotinia, mildiou… Le manque de lumière, les températures trop basses et les hygrométries excessives seront toujours pénalisants pour les cultures : croissance lente, tissus fragiles, risques d’asphyxie ou de gel.
La réduction de densité est souvent déterminante dans la réduction des risques sanitaires : pourritures du dessous en salades, Mildiou en radis, Alternaria en carotte... ).
Comme en conventionnel, le recours au greffage est une pratique assez fréquente en maraîchage biologique sous abris. Ainsi, en melon, tomate, aubergine, il permet de conférer des résistances aux maladies et parasites de sol (fusariose, nématodes…).
Elles constituent un moyen préventif efficace contre différentes maladies, virus et insectes : Oïdium (melon, concombre, courgette), Alternaria (carotte), mildiou (laitue, radis, épinard…), virus (courgette), pucerons (melon, salade)...
La couverture des cultures par les voiles (bâches) permet de prévenir l’attaque par certains insectes : pucerons (melon, courgette, salade…), mouche de la carotte, teigne du poireau... La pose des voiles en serres au niveau des ouvrants (pépinières ou cultures) permettra de limiter les risques de viroses transmises par pucerons ou thrips.
Ils permettent d’évaluer les populations de ravageurs et d’auxiliaires, et de déclencher les lâchers d’auxiliaires. Conduite des cultures
Sous abris, la maîtrise du climat est un facteur déterminant. L’aération des serres est déterminante pour limiter les excès d’hygrométrie, et restreindre ainsi le développement de maladies fongiques, notamment en période froide et peu lumineuse : Botrytis et Cladosporiose sur tomate, mildiou sur laitue et concombre… À l’inverse, en période chaude et sèche, les bassinages favoriseront l’installation de certains auxiliaires et limiteront l’activité des ravageurs correspondants : Orius contre thrips (poivron), Phytoséilus contre araignées rouges…
Une conduite raisonnée des irrigations est vitale : le manque d’eau favorisera les araignées (tomate, melon, courgette...), les excès d’eaux favoriseront les pathogènes du sol (Pythium, Sclérotinia).
Certains excès ou carences ont parfois des incidences sur l’état sanitaire : l’excès d’azote semble provoquer un développement accru des pucerons; il favorise également le Botrytis et la moelle noire sur tomate, ainsi que le Botrytis, le Rhizoctonia et les nécroses sur salades.
Mesures préventives | Mesures curatives |
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Rotation des cultures | Désherbage thermique |
Entretien des bordures | Désherbage mécanique : sarcleuse, brosseuse, herse étrille |
Faux semis + désherbage thermique | Désherbage manuel |
Paillage | |
Désinfection vapeur | |
Solarisation (moitié Sud de la France) |
Préservation et introduction des auxiliaires
Il faut privilégier les méthodes permettant d’instaurer un équilibre entre auxiliaires et ravageurs. Il faut également consacrer du temps à l’observation des populations, fonction essentielle du métier de maraîcher en agriculture biologique.
Les haies constituent non seulement des brise-vents, mais aussi des refuges naturels pour les oiseaux et insectes utiles. Les fleurs sont essentielles comme sources de nourriture pour de nombreux auxiliaires des cultures car ils sont également consommateurs de nectar (Hyménoptères sur Ombellifères notamment, larves de certains chrysopes sur Composées) et de pollen (coccinelle). Les zones florales peuvent être établies le long des chemins, autour des parcelles ou entre les serres. La diversité des espèces permettra d’étaler la période de floraison et d’attirer une large gamme d’insectes utiles : Ombellifères (carotte), Composées (achillée), Légumineuses (trèfle), Labiacées (menthe), phacélie…
La roténone et les pyrèthres sont des insecticides polyvalents donc toxiques pour la faune auxiliaire : il convient d’éviter les traitements généralisés et de privilégier les interventions localisées sur foyers, sauf en cas de risques importants (périodes de vols, forte pression dans l’environnement…). En revanche, le Bacillus thuringiensis est sélectif des chenilles; il est donc sans effet nocif pour les auxiliaires, ainsi que pour les poissons, abeilles et le gibier.
Sous abris, l’introduction des auxiliaires est utile lorsque la faune autochtone est absente, insuffisante ou en retard dans son installation par rapport au ravageur visé. Ainsi, contre pucerons, on obtient de bons résultats avec l’introduction d’Aphidius, par des lâchers ou par l’installation de plantes relais en début de culture.
Lutte contre pucerons : plantes-relais
Le renoncement aux désherbants est la mesure la plus significative lors de la reconversion. La maîtrise des adventices devient en effet une préoccupation importante et requiert notamment des besoins élevés en main d’œuvre.
La maîtrise des adventices fait intervenir des moyens complémentaires