La France a environ 32.000 fermes certifiées AB, faisant du pays le troisième producteur bio de l’Europe, après l’Italie et l’Espagne. Mais la production actuelle est insuffisante pour satisfaire les exigences des consommateurs. Pour les agriculteurs, c’est une problématique complexe. Les coûts de l’agriculture bio sont plus élevés – et le rendement n’est pas forcément au rendez-vous. Pour un producteur qui utilise ni engrais ni pesticides, le rendement de 1 hectare de blé bio est environ de 3 tonnes, soit deux fois moins que dans une exploitation classique (source Capital).
Un agriculteur qui souhaite effectuer la conversion de son exploitation en bio doit passer 2 à 3 ans pour satisfaire le cahier de charges. Il existe des subventions pour inciter les agriculteurs à passer au bio, et aider des exploitations déjà bio à se tenir financièrement. Mais certaines subventions promises ne sont pas versées, et en fin 2017 l’Etat a annoncé la suppression des aides au maintien de l’agriculture bio. Donc peu pour motiver l’agriculteur déjà aux prises avec la rentabilité.
Souvent, les importations concernent des denrées alimentaires qui ne sont pas produits en France. Selon la Fédération des transformateur et distributeurs de bio, « Les produits exotiques (banane, cacao, café…) ou méditerranéens (olives, agrumes…) constituent 43% des importations, la France ne produisant pas ou très peu ces produits. Les catégories de produits les plus importés sont les fruits, les légumes, les produits d’épicerie bio et les boissons. En revanche, les œufs bio et le vin bio ne représentent qu’une faible part dans les importations… » .Au total, 57% des fruits et 25% des légumes bio sont des importations, car les français veulent manger des tomates et des myrtilles en hiver.
Dans les circuits GMS (Grande et Moyenne Surface), qui représentent 45% des ventes bio, les magasins achètent souvent des produits « contre-saison » aux prix bas. Ainsi, ils peuvent acheter des courgettes en provenance d’Egypte, même si les agriculteurs bio français offrent le même produit – car l’offre français est plus cher.
Une étude sur les produits bio vendus en GMS effectuée par 60 Millions de Consommateurs a trouvé des substances chimiques dans les importations de certaines catégories de produit, notamment des huiles d’olive et des céréales (riz, quinoa…).
En France, le Ministère de l’Agriculture et l’Alimentation peut conférer le label AB. Ce label est la garantie que les produits bio ne contiennent pas de produits chimiques ou OGM, et sont fabriqués de manière naturelle. Des contrôles sur le terrain de production et sur le produit doivent être effectués pour obtenir la certification.
Selon l’organisme Ecocert, il existe des différences dans les règlements européens et français :
L’Union Européen (règlement N° 834/2007) définit le bio ainsi :
« La production biologique est un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard de produits obtenus grâce à des substances et à des procédés naturels. »
Les règlements européens couvrent la production, la préparation, la distribution et l’importation des catégories de produits bio suivantes :
Le cahier des charges français comprend cette définition en ajoutant :
Chaque pays, comme la France, a le droit d’appliquer un cahier de charges « local », mais doit respecter au moins celui imposé par Bruxelles. Le plus grand problème en Europe est l’absence d’harmonisation des politiques de contrôle. Car le cahier des charges reste flou sur ce point. En France, les inspections des producteurs bio se font en moyenne 1,6 fois par an (dont un tiers sont des visites « surprises ») , et 10% doivent subir une analyse de leurs produits. Mais ce n’est pas la même chose ailleurs. En Espagne les visites sont moins fréquentes (à peine plus d’une visite/an et seulement 17% inopiné). En Roumanie seulement 3% des visites sont impromptues.
Il existe également des « interprétations » de la réglementation européenne qui peuvent varier d’un pays à l’autre. Par exemple, en Espagne la production de fruits et légumes bio « intensif » est permis. Ces produits sont cultivés sous tunnel avec des engrais organiques.
Bruxelles préconise que les éleveurs de poulets et de porcs doivent acheter au moins 50% de l’alimentation animalière localement dans la « région ». En France, on applique cette règle à la lettre. Mais le terme « région » étant ouvert à plusieurs interprétations, certains pays (dont le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne) considèrent que la région consiste au 27 pays de l’UE.
Selon le Règlement européen 2092/91, les produits bio provenant de pays en dehors de l’UE doivent être inspectés et porter un certificat d’importation. Certains pays sont autorisés à importer leurs produits bio puisqu’ils ont des règlements similaires à ceux de l’Europe. Ces pays sont l’Argentine, l’Australie, le Costa Rica, l’Inde, l’Israël, la Nouvelle-Zélande et la Suisse. D’autres pays (comme la Chine, la Turquie et l’Egypte) sont notés par les autorités européens pour leur manque de conformité.
Ayant fait un état des lieux, l’Europe a décidé de modifier les réglementations afin de mieux les harmoniser. Les points clés abordés dans cette législation, applicable d’ici trois ans à partir de 2021 :
Cette dernière clause a fait couler beaucoup d’encre dans la presse française. Rappelons que les visites annuelles sont déjà de rigueur. Les agriculteurs français perçoivent cette législation comme « un relâchement de la surveillance » selon France Info. D’autres pensent que la nouvelle législation permettra à plus d’agriculteurs d’accéder au bio. Nous le souhaitons vivement. Car plus de produits bio sur le marché va satisfaire à la demande croissante des français pour les produits bio.